Programme Création et réception en contexte interculturel

Ce programme se propose de développer une réflexion sur la question de la création et de la réception soit dans des contextes internationaux, soit dans des contextes interculturels.

Il s'agit d'interroger les enjeux imposés par des dynamiques culturelles débordant les simples cadres nationaux, à partir d'entrées artistiques, linguistiques, religieuses, voire, à l'occasion, anthropologiques.

La question de la réception de la littérature traduite et de la position des littératures entre elles constitue le premier volet de ce programme (contact : Solange Hibbs).

Une constatation s'impose : l'on traduit de plus en plus et l'on assiste, comme le soulignent certains traductologues et critiques de la littérature traduite, à un bouleversement général des rapports littéraires internationaux et cela, même s'il existe des tendances propres à chaque système et des situations culturelles précises. L'exploration de la réception des textes traduits dans une culture d'arrivée doit permettre de comprendre la fonction de ces textes et la façon dont ils s'ajustent aux normes de traduction qui prévalent alors, entrant en contradiction ou en consonance avec elles et modifiant éventuellement le système littéraire d'accueil. Si les traductions doivent s'adapter à un moment précis d'un système littéraire donné, il peut être intéressant de chercher à expliquer pourquoi certaines sont reconnues comme canoniques et toujours rééditées, alors que d'autres sont tombées dans l'oubli. Lorsqu'il s'agit de textes traduits, le recours à la théorie de la réception est particulièrement pertinent puisque les systèmes littéraires de départ et d'accueil sont nécessairement différents d'autant qu'à la distance spatiale peut s'ajouter une différence temporelle plus ou moins grande entre la parution du texte en langue d'origine et la publication et la diffusion du texte traduit. S'interroger sur les traductions dans la perspective de la théorie de la réception, c'est prendre en compte les conditions de leur lecture. Il ne s'agit pas dans cette perspective de s'intéresser au processus opératoire de la traduction mais à la réalité du texte traduit (statut du texte traduit: ce n'est pas un texte secondarisé mais un texte à part entière). Ce statut du texte traduit peut nous amener à nous intéresser au statut du traducteur, à son projet traductif dans un contexte culturel donné. Le travail du traducteur peut être un travail de création littéraire; à ce stade se posent différentes questions qui méritent d'être explorées:
- les motivations du traducteur (empathie, illusion de la création, appropriation d'une langue autre qui devient la langue de médiation)
- le projet traductif du traducteur qui implique que nous nous intéressions à tous les seuils des traductions disponibles ou discours critiques tenus sur le texte soit dans les livres publiés ou dans d'autres supports. A travers ces différents éléments d'accompagnement du texte, le traducteur et l'éditeur tentent d'insérer le texte traduit dans le champ littéraire d'accueil.

Par ailleurs, à chaque étape de cette réflexion, des passerelles seront faites naturellement avec le programme « CorrecTools » de l'axe II en associant la question de la traduction à la réflexion sur la rédaction en langue étrangère et sur les processus cognitifs mis en jeu.

Enfin, ce programme est partie prenante de la revue La main de Thôt. Sous l'égide de Thôt, dieu passeur, inventeur du langage, de la parole et de l'écriture, cette revue consacrée à la traduction écrite, orale et signée a pour vocation de réfléchir et refléter les enjeux d'une pratique commune. La main de Thôt est une revue scientifique multilingue de l'Université de Toulouse II - Jean Jaurès ; sa publication est annuelle. Elle émane du CEntre de Traduction, Interprétation et Médiation linguistique (CETIM), qui forme des profesionnels de la traduction.


La question de la « francophonie » constitue le second volet de ce programme (contacts : Catherine Mazauric, Pierre Soubias et Delphine Rumeau). Certes, le terme de « francophonie » continue de poser problème, à cause de l'encadrement institutionnel de l'expression française par le monde, qui incite à soupçonner l'emploi pour la littérature de l'adjectif "francophone" de relents de colonialisme. Faute d'un autre vocable, l'Université garde l'usage d'identifier sous celui-ci, par neutralité, l'ensemble des littératures écrites par le monde dans la langue française, sans trancher quant à l'intégration délicate du corpus « français » dans cet ensemble. Mais de plus en plus, le scrupule quant à la légitimité des catégories cède le pas au souci d'en étudier sérieusement les problématiques, dont, par exemple, le rapport avec la littérature exotique, avec les processus historiques de colonisation et de décolonisation, avec la littérature de langue anglaise du Commonwealth qui suscite les post-colonial studies, avec la littérature « migrante » (ou des descendants d'immigrés), etc.. Car si l'émergence de la notion de « littérature-monde en français» semble proposer à beaucoup d'écrivains actuels une alternative bienvenue à la suspecte et déjà ancienne « francophonie », elle n'offre pas davantage que son aînée un cadre théorique d'étude, et pas davantage ne clôture les débats qui traversent tout le champ littéraire contemporain.
Ainsi, la question posée n'est pas de mesurer le bien ou le mal fondé des soupçons qui pèsent sur la francophonie ou sur toute autre catégorisation alternative, mais plutôt d'explorer les conséquences concrètes, pour la critique universitaire, de l'évidente « montée en puissance » de ces écritures : la multiplication de leurs aires d'origine, leur médiatisation croissante qui les fait entrer en résonance de façon nouvelle entre elles et avec les écritures désignées comme nationales, leur représentation problématique du monde (et non plus seulement de leur territoire d'origine ou d'arrivée), représentation qui devient problématique dès lors même que ces écritures surgissent. Les débats théoriques, dont le monde de la recherche francophone est aussi friand que son pendant anglophone, se nourrissent des lectures concrètes. Les concepts, reconfigurables à l'infini, ne doivent pas dissuader de regarder comment les œuvres émergentes travaillent actuellement notre perception du corpus littéraire. A ce titre, il est peut-être dommage de laisser les textes francophones dans un certain flou analytique, et de n'y appliquer que rarement des explorations plus formelles, que l'Université française a pour tradition de promouvoir. Une dernière lacune enfin est à combler, moins théorique que pratique : faire le lien entre la recherche sur les œuvres et l'enseignement de la littérature, voire l'éveil à la lecture en général, car ces textes dont nous parlons ont une vocation particulière à rencontrer un jeune public, qui s'approprie plus naturellement que d'autres ses problématiques très actuelles. Des passerelles seront ainsi faites avec le programme « La fabrique du lecteur, du spectateur et de l'auditeur ». Au bout du compte, il faudra se demander en quoi les écrivains francophones contribuent à interroger l'ordre du monde tel qu'il se dessine. Que deviennent les concepts et idéaux politiques, les humanismes et les définitions de l'homme - en péril ou en majesté - dans ces littératures parfois tragiquement désancrées ? Dans ces mariages et enfantements de genres, dans ces influences démesurément diversifiées, qu'advient-il formes littéraires traditionnellement identifiées et enseignées ? Parmi ces textes souvent présentés comme périphériques, marginaux ou expérimentaux, lesquels sont-ils déjà des classiques, méritent à ce titre une forme de transmission ? Tel est le faisceau de questions connexes que cette partie du programme ambitionnera d'explorer.

Dans le même esprit d'ouverture interculturelle, le travail engagé autour de « création et réception en Russie et dans les pays de l'ex-URSS » se poursuit au sein de ce programme, en privilégiant deux axes : l’interculturalité et les arts. Ce choix a donné lieu à plusieurs numéros thématiques de la revue Slavica Occitania : ainsi le numéro 32 (2011), intitulé La découverte de la langue bulgare par les linguistes russes au XIXe siècle, qui s’inscrit dans le premier axe, ainsi le numéro 33 (2011), Le Japon en Russie : imaginaire, savoir, conflits et voyages, qui s’inscrit aussi bien dans le premier axe que le second. Dans un prochain avenir, la part réservée à l’interculturalité et aux arts en regard de l’Orient sera privilégiée : publication du numéro 35 de Slavica Occitania, intitulé Les Orients de la culture russe, journée d’études prévue en novembre 2013 consacrée au peintre Vassili Véréchtchaguine – cet élève de Gérôme est reconnu comme le premier peintre orientaliste russe – et journée d’études « Japon-Russie : voisinage et diplomatie » prévue dans le cadre du festival Made in Asia (ville de Toulouse) en février 2013. Signalons que le recueil d’articles paru à Saint-Pétersbourg en septembre 2011 (éd. Nestor Istorija) consacré à un autre peintre orientaliste russe, Nicolas Roerich (également un décorateur d’opéras et de ballets) avait déjà permis d’aborder la question du rapport complexe qu’entretient la Russie avec l’Orient. Un ouvrage sur le voyage du peintre en Asie centrale et au Tibet est prévu (éd. La Lanterne Magique).
La question du rapport entre arts visuels et littérature fera l’objet d’un numéro thématique de Slavica Occitania à paraître en 2013. Quant aux transferts culturels, ils continueront également à être au centre des travaux prévus dans le cadre de ce nouveau contrat ; seront ainsi interrogés le rayonnement de l’École sémiotique de Tartu et les relations culturelles et historiques entre la Russie et l’Espagne. De même la question des pèlerins russes à l’étranger et l’émigration russe serviront de fils rouges pour traiter de ces transferts dans lesquels la Russie est impliquée. (Contact : Dany Savelli).
MANIFESTATIONS SCIENTIFIQUES


Séminaires et journées d'études

- Séminaire Réception de la littérature traduite (2011)
 
- Séminaire « littératures postcoloniales et modèles génériques » ( 6 séances en 2012, 5 séances programmées en 2013)

- Journée d’études : Poésie et Histoire au XXème siècle

- Une journée d’Etudes organisée le mardi 15 mai 2012 sur Traduction, genre et identité : femmes et traduction, et avec la présence de deux chercheuses d’universités étrangères : Luise Von Flotow, professeure et chercheuse à l’Université d’Ottawa (School of Translation and Interpretation) et Lola Sánchez, Membre de l’Institut d’Etudes sur les Femmes et enseignante à l’Université de Grenade

- Constitution du réseau "Tendances Culturelles Transpyrénéennes", réseau interdisciplinaire associant 4 régions et 5 universités (Universités de Pau et des Pays de l’Adour, de Toulouse 2 –Le Mirail, de Saragosse, de Barcelone et de Lérida). Ce réseau travaille dans le cadre du projet européen et transfrontalier intitulé Tradition, interculturalité. Les relations entre le savant et le populaire aux XIXè-XXè siècles. Une première réunion de tous les membres du réseau a eu lieu à Jaca les 7 et 8 juin 2012. et donnera lieu à une première publication avec une maison d’édition espagnole. Un colloque est prévu à Pau en mai 2013 et un deuxième ouvrage sera publié en 2014. Le chef de file du projet pour la région Midi-Pyrénées est Solange Hibbs

- Journée d'études Vassili Véréchtchaguine (1842-1904) : peintre, écrivain, voyageur et militaire (dir. Irina Bill) (nov. 2012)
 
- Journée d'études Japon-Russie : Voisinage et diplomatie (fév. 2013)
 

Colloques internationaux
 
- Dix-neuvième colloque de l'Association Franco-Britannique pour l'Etude de la Culture Russe (avril 2011)

- Colloque final du programme ANR MIPRIMO (en collaboration avec le CEPED – Paris 5), décembre 2013

- Colloque Science et littérature : les discours de la science et la science des discours en Espagne et en Europe (1876-1906).

- 2014 : colloque « Autour de Patrick Chamoiseau »
 

 
PUBLICATIONS

- Les Roerich entre mythes et faits [Rerikhi. Mify i fakty] publié par LLA-CRÉATIS et le Centre franco-russe de recherche en sciences humaines et sociales de Moscou. Ce volume dirigé par Alexandre Andreev et Dany savelli et paru en août 2011 à Saint-Pétersbourg réunit des articles de chercheurs américains, français, japonais, lettons et russes. ISBN 078-5-98187-695
 
- Clara Janés, Le mot et le secret, Traduction et prologue de Solange Hibbs, L’Harmattan, Collection Ecritures au féminin, Paris, 2012)

- Mise en place d’une revue de traductologie, actuellement intitulée Les Cahiers du CETIM mais dont l’appellation définitive sera L’entre-deux des langues, adossée au laboratoire LLA-CRÉATIS et dont la première monographie qui regroupera des contributions sur le thème Genre et traduction, paraîtra en juin 2013. Cette revue est une revue gratuite, hébergée sur le site des revues électroniques de l’Université de Toulouse 2-Le Mirail. Elle se veut un espace de réflexion et de dialogue entre praticiens et théoriciens de la traduction. Son assise est multilingue et elle reflète la diversité linguistique avec des thématiques qui concernent des aires géographiques différentes. Pour plus de précisions consulter le blog : http://blogs.univ-tlse2.fr/cahiers-cetim/

- Revue Slavica Occitania (numéros parus et à paraître)

Pour la table des matières, les résumés des articles des numéros passés et l’annonce des numéros prévus, voir w3.slavica-occitania.univ-tlse2.fr

n°30, 2010 : Transferts culturels et comparatisme en Russie, Michel Espagne (éd.)
n°31, 2010 : L’œuvre d’Alekseï Losev dans le contexte de la culture européenne, Maryse Dennes (éd.)
n° 32, 2011 : La découverte de la langue bulgare par les linguistes russes au XIXe siècle. Christina Strantchevska-Andrieu (auteur)
n° 33, 2011 : Le Japon en Russie : imaginaire, savoir, conflits et voyages. D. Savelli (éd.)
n° 34, 2012 : La linguistique russe : une approche syntaxique, sémantique et pragmatique. Vladimir Béliakov & Christine Bracquenier (éd.)
n° 35, 2012 : Les Orients dans la culture russe. Anna Pondopoulo (éd.)
n° 36, 2013 : Pèlerinages et quêtes spirituelles russes. Kathy Rousselet (éd.)
n° 37, 2013 : La citation littéraire dans les arts visuels russes. Catherine Géry & Hélène Mélat (éd.)
n° 38, 2014 : Figures russes de l'exil. Danièle Beaune-Gray & Irina Bill (éd.)
n° 39, 2014 : L'école sémiotique de Tartu et de Moscou. Ekaterina Velmezova (éd.)
n° 40, 2015 : Espagne - Russie : relations historiques et liens culturels. Dominique Samson Normand de Chambourg (éd.)


THÈSES
 
- Thèse de Mari Carmen Trujillo soutenue le 28 septembre 2012 : L’ Espagne à la Une du journal Le Monde (1986-2005). De l’entrée dans la CEE au retour de la mémoire : la deuxième transition en marche. Regards croisés et représentations culturelles

- Thèse de Noureddine Ababou soutenue le 26 septembre 2012 : Le cinéma postmoderne espagnol : Iciar Bollaín. Réalisme et engagement d’une cinéaste humaniste. La libération de la femme comme dépassement des stigmates sexuels.