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Soutenance de thèse de Sabrina Medouda

Publié le 29 novembre 2017 Mis à jour le 10 janvier 2018
le 18 décembre 2017
à 14h00

Université Toulouse Jean Jaurès
Salle D 29 à la Maison de la Recherche

« Écrire, penser, panser ? Véronique Tadjo et Tanella Boni ou l’écriture féminine au cœur de la violence »

Membres du Jury :
  • Mounira Chatti, professeur, unviersité Bordeaux 3
  • Michel Favriaud, maître de conférences, Université Toulouse Jean Jaurès
  • Martine Job-Mathieu, professeur, Université Bordeaux 3
  • Catherine Mazauric, professeur, Université Aix Marseille 1

Résumé :


 
« Écrire, penser, panser ?
Véronique Tadjo et Tanella Boni ou l’écriture féminine au cœur de la violence »

Tandis que le monde contemporain doit faire face à des conflits armés constants semblant ne jamais prendre fin, la création artistique ne disparaît pourtant pas des sociétés blessées. Face à ce constat, nous nous sommes questionnés quant aux particularités de la création littéraire féminine émergeant au cœur des troubles et des violences. Nous avons choisi de nous intéresser aux œuvres romanesques et poétiques des Ivoiriennes Véronique Tadjo et Tanella Boni, ancrant ce travail dans le champ de la littérature féminine africaine post-coloniale. L’objectif de cette recherche a été de déterminer si l’existence d’un dispositif littéraire féminin émergeant en réaction à un contexte violent est, ou non, envisageable. Pour ce faire, nous avons concentré notre étude autour d’un corpus comprenant quatre romans et deux recueils poétiques rédigés entre 2000 et 2010. Dans ces œuvres, trois aspects fondamentaux se sont peu à peu révélés. Véronique Tadjo comme Tanella Boni mettent effectivement en lumière une vision de la maternité entre deux eaux, l’enfantement étant à la fois réel et symbolique, mais pouvant aller jusqu’à ce que nous nommons un désenfantement marginal, refus d’une maternité classique et traditionnelle. En outre, le corps est également dans une dualité permanente : blessé par les violences du système, il peut toutefois se régénérer entre les lignes et contrer la nécropolitique en place. Enfin, nous avons pu remarquer que l’espace présent dans les textes est conjointement oppressif et libérateur : les personnages usent de leurs diverses incarcérations comme d’un point de départ pour créer une libération nouvelle. Le point d’orgue de ce travail réside ainsi dans l’interaction constante entre les dispositifs littéraire et violent que nous avons pu observer dans ces textes et qui est paradoxale mais nécessaire, y instaurant à la fois ordre et désordre, au-delà des frontières génériques. Par-là, les écrivaines bouleversent l’ordre imposé par le chaos et font émerger dans leurs œuvres un espace qui offre à leurs personnages comme à leurs lecteurs une possibilité de recréation d’eux-mêmes et du monde.