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Faire écrire/mettre en scène des récits de vie : le positionnement éthique de l’artiste en atelier
Publié le 16 janvier 2023 – Mis à jour le 16 janvier 2023
le 27 janvier 2023
Salle F422 - Maison de la Recherche
A partir de 9h00
Université Toulouse Jean JaurèsSalle F422 - Maison de la Recherche
Journée d'étude
Les scènes et les pratiques du théâtre appliqué impliquent de travailler avec et pour des personnes qui sont, comme tout individu, susceptibles de vulnérabilités. Sont vulnérables, celles et ceux qui physiquement ou mentalement sont en position d’être sensibles, fragiles, blessables, ébranlables, revictimisés. Bien que les personnes ne se réduisent en rien à leurs vulnérabilités, qui peuvent être d’ordre socio-économique, historico-politique, juridico-légal ou encore psychologique, leur participation à des ateliers de théâtre appliqué soulève des questionnements voire des risques qui viennent s’articuler aux enjeux esthétiques propres aux arts du spectacle. « Mémoire empêchée » (Ricoeur), droits et protection des personnes participantes, formation et responsabilités des personnes intervenantes, approches inclusives et collaboratives, conception d’un cadre de travail qui met en sécurité les participants vis-à-vis des risques identifiés, etc. sont autant de paramètres voire d’impératifs à considérer dans les pratiques du théâtre appliqué aujourd’hui. Raconter et mettre en scène des récits traumatiques mobilisent les champs de l'éthique, l'herméneutique, l'anthropologie et l'esthétique.
Depuis la fin du XXe siècle, les travaux au croisement des Trauma studies et des études littéraires montrent que le trauma se raconte et se représente de manière problématique, car il met en crise le langage (Caruth). Le théâtre, en tant qu’art de la fable voire de la fabulation (Bergson, Deleuze), perturbe les relations entre réalité et fiction (Haraway), peut se poser comme un art de la résilience (Cyrulnik), par sa qualité cathartique, par les possibilités qu’il offre de se sentir porté et soutenu par un collectif, invitant l’acteur/l’actrice, l’amateur/l’amatrice comme le non-professionnel/la non-professionnelle à retourner le stigmate (Goffman), faire de la blessure un moteur, faire émerger ce qui n’a pas été encore dit, ou ce qui est difficilement exprimable, au sein d’une fable protectrice voire réparatrice (Kosofsky Sedgwick, Notéris). Le fonctionnement même de la fiction tient alors à distance le vécu, travaille dans le sens d’une étrangéification du réel, permet une sublimation et/ou un empowerment. Mais elle pose un double défi : comment cette expérience individuelle (« je témoigne ») peut être transformée par l’art en un récit universalisable (« on témoigne pour ») qui peut toucher/interpeller d’autres que soi (Ricoeur) ? La difficulté vient du déséquilibre entre ces deux dimensions : quand le singulier se prétend universel, quand l’universel veut formater le singulier (Barbéris).
Pour prendre connaissance du déroulement de cette rencontre, veuillez consulter le programme en téléchargement.
Inscription pour retransmission live de la matinée par zoom à l’adresse : nina.jambrina@univ-tlse2.fr
Depuis la fin du XXe siècle, les travaux au croisement des Trauma studies et des études littéraires montrent que le trauma se raconte et se représente de manière problématique, car il met en crise le langage (Caruth). Le théâtre, en tant qu’art de la fable voire de la fabulation (Bergson, Deleuze), perturbe les relations entre réalité et fiction (Haraway), peut se poser comme un art de la résilience (Cyrulnik), par sa qualité cathartique, par les possibilités qu’il offre de se sentir porté et soutenu par un collectif, invitant l’acteur/l’actrice, l’amateur/l’amatrice comme le non-professionnel/la non-professionnelle à retourner le stigmate (Goffman), faire de la blessure un moteur, faire émerger ce qui n’a pas été encore dit, ou ce qui est difficilement exprimable, au sein d’une fable protectrice voire réparatrice (Kosofsky Sedgwick, Notéris). Le fonctionnement même de la fiction tient alors à distance le vécu, travaille dans le sens d’une étrangéification du réel, permet une sublimation et/ou un empowerment. Mais elle pose un double défi : comment cette expérience individuelle (« je témoigne ») peut être transformée par l’art en un récit universalisable (« on témoigne pour ») qui peut toucher/interpeller d’autres que soi (Ricoeur) ? La difficulté vient du déséquilibre entre ces deux dimensions : quand le singulier se prétend universel, quand l’universel veut formater le singulier (Barbéris).
Pour prendre connaissance du déroulement de cette rencontre, veuillez consulter le programme en téléchargement.
Inscription pour retransmission live de la matinée par zoom à l’adresse : nina.jambrina@univ-tlse2.fr