Musicologie et Musiques anciennes

Publié le 17 janvier 2018 Mis à jour le 11 février 2019
le 25 janvier 2018
Jeudi 25 janvier 2018 à 16h00

UT2J
Bâtiment Le Gai Savoir - Salle GA 34

Séminaire

Ouvert à tous les étudiants et praticiens intéressés par les musiques anciennes, ce séminaire mensuel souhaite offrir un espace de réflexion et de discussion à propos des objets, des méthodes, de l’actualité de la recherche, ainsi que des rapports entre théorie et pratique.

Pour cette première séance, nous aurons le plaisir d'écouter
- La théorie rythmique de Francisco Salinas et sa réception française jusqu’en 1640, Nicolas Andlauer, doctorant en musicologie, UT2J

Le traité de rythmique de Francisco Salinas, seconde partie de son De Musica Libri Septem de 1577, est révélateur de tendances communes à l’ensemble du mouvement humaniste européen du XVIe siècle. En restituant une modélisation « à l’antique » du rythme musical, Salinas prétend résoudre les contradictions du système mensural en vigueur, dans l’économie des agencements de durées sonores organisées par une battue proportionnelle, et suit un impératif de simplification qui concerne également les autres sciences du nombre. Cette entreprise de recadrage épistémologique se double d’une valorisation esthétique de la simplicité du « mètre », en vertu de son pouvoir sur les esprits, et au nom d’objectifs extra-musicaux partagés par tous les courants réformateurs. Le traité sert parallèlement des ambitions pédagogiques et missionnaires, et s’inscrit dans des « politiques du mètre » visant à la maîtrise des outils de contrafacture, comme à la création de « cantiques nouveaux ». Les savoirs-faire dont il promeut l’exercice, et qui culminent dans l’art de faire des vers musicaux et de construire des formes strophiques élaborées, révèlent ses parentés avec les recherches des élites culturelles françaises à la même époque, qui formaient un horizon d’attente particulièrement favorable à ces théories. L’impact du texte de Salinas sur les évolutions des conceptions rythmiques entre la Renaissance et l’âge baroque affecte aussi bien les typologies que les notations des nouveaux langages musicaux, ainsi que les diverses expressions d’une « crise de la conscience rythmique » apparaissant dans les sources théoriques françaises de 1581 à 1640.