Programme Esthétique quantique


Objectifs du programme

Ce programme initié par les hispanistes de LLA-CRÉATIS (Monique Martinez et Agnès Surbezy) questionne depuis plus de cinq ans les productions artistiques et littéraires labellisées "quantiques" soit par leurs auteurs soit par la critique.

Ce programme a été défini de la façon suivante :

Remettant en cause les principes de la physique classique, la physique quantique oppose le discontinu à la continuité, le hasard à la causalité, l'interdépendance des atomes à la séparabilité et à l'objectivité, le virtuel à l'actuel, la probabilité à la certitude... Elle a ainsi profondément modifié notre perception des phénomènes de la vie quotidienne ainsi que les grands courants de pensée actuels et a servi de terreau fertile à l'élaboration des grandes théories du XXe siècle, et tout particulièrement la « postmodernité ».

Au croisement entre arts et sciences, une approche « quantique » de l'ensemble des questions liées à l'esthétique doit permettre de mieux comprendre certains aspects de la création contemporaine, qu'elle fasse appel aux nouvelles technologies (création en réseau, écriture et image numérique, mondes virtuels sur internet, dispositifs en tous genres, etc.) ou qu'elle continue de creuser les formes classiques (roman, peinture, cinéma, etc.) en prenant en compte les grands bouleversements imposés par une vision quantique de l'univers. Si l'esthétique quantique concerne tous les domaines de la création et toutes les aires nationales, qui feront, comme tels l'objet de différentes études, la labellisation de l'esthétique quantique est un phénomène espagnol qui fera également l'objet d'une réflexion spécifique : le quantique est en effet le fer de lance d'une association internationale créée à Grenade en 1994, le Salon des Indépendants, qui définit l'esthétique quantique comme une exploration artistique du réel envisagé à partir des grands principes de la physique subatomique.

Le but de cette réflexion était de se demander s'il est possible d'élaborer des modèles de création quantique, au-delà des simples analogies permises par la théorie quantique et de s'interroger aussi sur la pertinence des nouveaux modèles représentatifs ou figuratifs induits par cette dernière, mais régulièrement remis en cause par l'évolution de notre connaissance de l'infiniment petit et de l'infiniment grand.

Les deux derniers articles publiés, écrits avec Michel Caffarel, physicien quantique, analysent le phénomène de labellisation sous l’angle de l’interaction féconde entre Arts et sciences, qui dépasse le phénomène de la simple analogie. C’est la conclusion de l’article publié dans la revue Mozaicul, Initiatory journey into the world of quantum aesthetics (Cracovie 2O12) : « Physicists are perplexed by the need to apply the quantum label to “restore to art the grandeur, possibilities and mystery it had lost”. This grandeur and mystery still exist, lurking in the folds of our visions of the world and our boldest artistic and scientific constructions. So let us be vigilant. Just as scientists should avoid judging artistic creation against scientific procedures, so artists must take care not to quantify and formalize their own intuitions using the technical tools of science. If there is to be a fertile meeting between the two, it can take place only on the common ground of the imagination, in its artistic and scientific manifestations, rather than that of the technical approaches proper to each field. Each of these two worlds can then much benefit from the intuitions, concepts and images of the other. »

Les actions réalisées dans ce cadre ont été nombreuses :

- Un séminaire régulier (deux séances par an)
- Deux journées d'études
- Un colloque international
- Publication : Théâtre quantique (2013), sous la direction d'A. Surbézy. Éditions Lansman.
- Participation à des colloques internationaux permettant de rendre compte des avancées du programme et de l'intérêt de la réflexion engagée.
- Thèses et Master explorant divers aspects de la création quantique (superposition des temps et des espaces, enjeux psychiques des univers virtuels, théorie quantique et théorie des dispositifs).


Bibliographie :


Monique Martinez and Michel Caffarel “L’esthétique quantique: un regard croisé Arts et Sciences”, in Science, Fables and Chimera: Strange Encounters, edited by Laurence Roussillon-Constanty and Philippe Murillo, Cambridge, Cambridge Scholars Publishing, 2012.

Monique Martinez and Michel Caffarel, « Quantum aesthetics : when quantum thoey stimulates the artistic and scientific imagination : a critical assessment », in Initiatory journey into the world of quantum aesthetics, Mozaicul, Cracovie, Aius Publishing House, 2012.

Monique Martinez, « Sangre lunar : transgresión de las normas, transgresión de las formas», in Teatro y Sociedad en la España actual, sous la direction de Wilfried Floeck y Maria Francisca Vilches de Frutos, Frankfurt/Madrid, Vervuert, 2005.

Monique Martinez, José Sanchis Sinisterra, une dramaturgie des frontières, Rennes, PUR, 2005.

Monique Martinez et Agnès Surbezy, "Le traitement quantique du thème de la mère empêchée", in Mekouar, Nadia (ed.) Nouvelles figures maternelles dans la littéraire espagnole contemporaine, Les mères empêchées, Paris, L’Harmattan, 2009, p. 137-154.

Monique Martinez et Agnès Surbezy , « El tratamiento cuántico en la historia en la dramaturgia femenina actual » in Dramaturgias femeninas en la segunda mitad del siglo XX : entre pasado y presente, sous la direction de Wilfried Floeck, Herbert Fritz, Ana García Martínez, Giëssen, 2008, pp.315-328.

Monique Martinez, Fabrice Corrons et Agnès Surbezy « Le théâtre quantique : ordre et désordre dans l’Espagne postmoderne » in Désordre et ordonnancements, L’Annuaire théâtral, 43-44, Revue québécoise d’études théâtrales, Ottawa, 2009, pp.59-76.

Arnaud Rykner, « L’univers quantique de Marguerite Duras et la critique des dispositifs », in Marguerite Duras et la pensée contemporaine, textes réunis par Eva Ahlstedt et Catherine Bouthors-Paillart, Romanica Gothoburgensia, Göteborg Universitet, 2008, p. 181-193.