Soutenance de thèse de Carole Hurtado

Membres du Jury :

• Mme Emmanuelle GARNIER, Université Toulouse Jean-Jaurès, Directrice de thèse 
• Mme Muriel PLANA, Université Toulouse Jean-Jaurès, Co-directrice de thèse 
• Mme VAN HAESEBROECK, Université Toulouse Jean-Jaurès, Examinatrice
• M. Eduardo PEREZ-RASILLA, Universidad Carlos III de Madrid, Examinateur 
• M. Pierre LONGUENESSE, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, Rapporteur 
• M. Karel VANHAESEBROUCK, Université Libre de Bruxelles, Rapporteur

Résumé :
Cette thèse s’intéresse à la présence du texte sur scène, sous forme écrite et visuelle, dans le théâtre performatif actuel, à travers l’analyse d’un corpus de spectacles issu des travaux des compagnies espagnoles Atra Bilis, La Carnicería teatro et El Conde de Torrefiel. Vidéo-projeté sur un écran, de manière exclusive ou pour accompagner des images, présent sur un élément du décor, sur le corps des acteurs ou apparaissant au terme d’un geste d’écriture réalisé en direct, le texte graphique est devenu d’usage courant au sein du théâtre contemporain. Sous leur forme insistante, ces graphies ne sont pas un simple outil visuel et signifiant supplémentaire, destiné à enrichir le langage scénique ; elles modifient en profondeur les codes de la mimesis théâtrale en se substituant à l’acteur, censé prendre en charge le texte. Au sein d’esthétiques théâtrales initialement réfractaires au pouvoir du texte et de l’auteur, théorisées par Hans-Thies Lehmann sous l’expression de « théâtre postdramatique », cette présence du texte sous une forme graphique mais non moins imposante pose question. A travers une approche esthétique au croisement des études théâtrales et des études sur la performance, nous voulons prendre la mesure de l’incidence des graphies sur les manières de raconter et de signifier au théâtre. Partant du statut du texte au sein de la mimesis théâtrale, nous observons la manière dont les graphies redéfinissent les articulations principales (écrit-auteur/scène, corps-acteur/graphies, scène/salle-spectateur) en relation aux autres éléments du spectacle. Nous nous intéressons aux usages et aux fonctions de l’écrit sur scène, ainsi qu’aux effets de sens induits. Notre hypothèse est que les graphies produisent de nouvelles formes de dramaticité par la remise en jeu des tensions ontologiques du théâtre (dramaturgie du texte et de la scène, immuabilité de l’écrit et caractère éphémère du spectacle, chair et verbe, scène et salle, visible et invisible) associées aux différents enjeux esthétiques, interartistiques, poétiques, politiques ou philosophiques qui traversent les usages de l’écrit au sein des différents spectacles.