- Soutenances,
-
Partager cette page
Soutenance de thèse de Caroline Allingri-Machefer
Publié le 1 décembre 2025 – Mis à jour le 3 décembre 2025
le 5 décembre 2025
Université Toulouse Jean Jaurès
à 8h30
Campus Mirail - Maison de la Recherche - Salle D29Université Toulouse Jean Jaurès
Enseignement de la poésie et expériences de voix en Réseau d'éducation prioritaire
Membres du Jury :
- Mme Anne-Marie Petitjean, Rapporteure, Université Cergy-Pontoise
- M. Jean-Louis Dufays, Rapporteur, Université Louvain La Neuve
- Mme Marie-Sylvie Claude, Examinatrice, Université Grenoble-Alpes
- Mme Nathalie Brillant-Rannou, Examinatrice, Université Rennes 2
- Mme Christine Boutevin, Examinatrice, Université Montpellier
- M. François Le Goff, Directeur de thèse, Université Toulouse II Jean Jaurès
Résumé :
Quand on interroge les élèves sur leur expérience de poésie à l’école, parfois ils sont fiers de citer La Fontaine, se rappellent l’angoisse de la récitation ou des cours de versification ; parfois, l’expérience a été si peu marquante que les souvenirs sont inexistants. Je défends la thèse que cette expérience élémentaire peut être épaissie et je propose pour cela de déplacer la perspective didactique de la poésie comme genre ou forme à la poésie comme expérience entendue comme « l'aventure d'un sujet engagé tout entier dans une traversée du monde et du langage » (Collot, 2005). Avant d’examiner les effets de cette perspective, je fonde théoriquement la notion d’expérience en mettant en perspective les théories de Dewey, Merleau-Ponty, Schaeffer et avance des définitions attentives au contexte scolaire et à la spécificité du genre. Je retiens que l’expérience marquante de poésie peut se réaliser à la fois dans un temps d’intense présence au poème et dans un trajet au cours duquel l’élève enrichit progressivement son expérience avec une voix poétique. Pour mettre en œuvre cette conception de l’expérience de poésie comme relation de voix (Martin), je circonscris ma thèse à l’expérience de poésie lors de l’étude d’un recueil en œuvre intégrale et dans le cadre d’un processus général de lecture-enrichissement-écriture. Les recueils étudiés sont diachroniques et variés quant aux thèmes, à l’énonciation et à la forme afin d’embrasser un empan générique large.
J’observe ensuite comment les élèves d’une trentaine de classes de la quatrième à la première, toutes inscrites dans des établissements d’Éducation Prioritaire, s’emparent de dispositifs visant à leur faire vivre une expérience de relation de voix. Pour cela, j’étudie des écrits de la réception pour comprendre comment les élèves reçoivent la voix du poète. Les productions orales et les textes cible permettent de mieux cerner comment la voix du recueil résonne dans celle des élèves. Les écrits réflexifs informent quant à eux ces productions écrites. Je sonde précisément trois volets de l’expérience de poésie : l’épaississement de l’expérience au fil du trajet avec les activités proposées, les effets de l’écoute et de la mise en voix pour interroger l’oralité de la langue poétique et la dimension sensible de l’expérience et les gains d’un questionnement poéthique pour toucher à l’approche existentielle de la poésie. Cette recherche exploratoire me permet in fine de dégager les gestes récurrents de l’expérimentateur de poésie, un continuum d’expériences variées selon l’intensité et les pans de l’expérience investis par les élèves ainsi qu’une première grille d’observables de l’expérience de poésie en contexte scolaire.
Cette thèse a pour ambition de mesurer les apports d’une conception existentielle et sensible de la poésie en contexte scolaire pour faire vivre aux adolescents une expérience marquante de poésie qui est avant tout une expérience qui renouvelle le rapport à autrui, à soi et au monde.