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Soutenance de thèse de Chloé Dubost
Publié le 9 septembre 2024 – Mis à jour le 17 septembre 2024
le 20 septembre 2024
Salle D31 - Maison de la Recherche
à 14h00
Université Toulouse Jean JaurèsSalle D31 - Maison de la Recherche
Dramaturgies afropéennes contemporaines et d’expression française : Pour un théâtre "relationnel"
Membres du Jury :
Résumé :
Ce travail de recherche se propose d’étudier certaines dramaturgies afropéennes contemporaines en tant qu’écritures « relationnelles », la relation étant une manière de rencontrer l’Autre et de s’hybrider à lui – sans fusionner, sans abdiquer son caractère propre et séparé.
Un des enjeux des pièces et des mises en scène de Léonora Miano, d’Éva Doumbia et de Penda Diouf que nous étudions est, en effet, de remettre en question l’essentialisation et le fonctionnement binaire de certaines identités culturelles, politiques et sociales (en nuançant toute appartenance exclusive) mais aussi esthétiques, dramaturgiques et scéniques (en élaborant des univers symboliques pluriels et interstitiels, des œuvres dialogiques et polyphoniques, intermédiales et transgénériques…). L’hybridation, ici, paraît nécessaire à la subversion des stratégies de domination nationaliste et coloniale, en rendant plus incertaine l’identité qui pourrait s’étendre sur le reste de la société et du monde.
Bien qu’elle ait pu aider à récuser les légitimités des hégémonies (néo)coloniales, la notion d’hybridité a toutefois été récupérée et normalisée par le monde globalisé, pour éluder le caractère inégalitaire de la circulation des humains et des cultures, et les rapports de domination qui la traversent : celui-ci cherche à être perçu comme un espace interculturel homogène, où les populations, mobiles et adaptables, seraient émancipées. En réalité, la globalisation s’élabore au détriment des populations, cultures et sociétés minorisées, qui doivent résister à l’assimilation et à l’uniformisation du monde, pour que les relations internationales s’organisent en fonction de leurs conditions d’existence, de leurs intérêts, et des questions de classe.
Les autrices et metteuses en scène qui nous intéressent envisagent, de fait, l’identité en dehors de toute essentialisation, travaillent l’hybridation de différentes cultures et sociétés (leurs gestes artistiques et littéraires étant influencés par leurs conditions afrodiasporiques et transcontinentales), sans reconduire une conception idéalisée des mélanges identitaires et culturels, sans abandonner ou fondre leurs « différences » propres. Celles-ci sont, au contraire, maintenues dans la perspective d’une action politique.
Pour étudier les stratégies, modalités et effets poétiques, esthétiques et dramaturgiques que ces théâtres déploient, qui contournent à la fois les identités essentialisées et les conceptions idéalisées de l’hybridité, l’étude s’organise en deux temps. Le premier chapitre s’attache à la critique des identités « racine » (à la représentation et au récit de l’Histoire africaine et afropéenne, fondée sur la rencontre entre les cultures et les sociétés, racontée à partir de points de vue situés et critiques ; aux personnages de héros et d’héroïnes, qui ne se font plus les héraults des valeurs d’une société ou d’une civilisation donnée ; aux tiers-espaces énonciatifs, linguistiques et dramatiques…). Le second chapitre explore l’invention fantasmagorique, par les œuvres, de nouveaux fonctionnements collectifs relationnels, suivant une perspective féministe (afroféministe, écoféministe, womaniste, queer, care) et écologique ou écopoétique. La relation est interrogée dans tous ses aspects, selon différents points de vue (esthétiques, éthiques, philosophiques, politiques) et de manière intersectionnelle, pour imaginer une évolution ou une révolution sociale qui puissent bouleverser différents axes de dominations ensemble, et inventer des fonctionnements sociaux inédits.
- Mme Sylvie CHALAYE, Examinatrice
- M. Romuald FONKOUA, Examinateur
- M. Pierre KATUSZEWSKI, Rapporteur, Université Bordeaux Montaigne
- Mme Catherine MILKOVITCH-RIOUX, Rapporteure, Université Clermont-Auvergne
- Mme Muriel PLANA, Directrice de thèse, Université Toulouse - Jean Jaurès
- M. Renaud BRET-VITOZ, Co-directeur de thèse, Sorbonne Université
Résumé :
Ce travail de recherche se propose d’étudier certaines dramaturgies afropéennes contemporaines en tant qu’écritures « relationnelles », la relation étant une manière de rencontrer l’Autre et de s’hybrider à lui – sans fusionner, sans abdiquer son caractère propre et séparé.
Un des enjeux des pièces et des mises en scène de Léonora Miano, d’Éva Doumbia et de Penda Diouf que nous étudions est, en effet, de remettre en question l’essentialisation et le fonctionnement binaire de certaines identités culturelles, politiques et sociales (en nuançant toute appartenance exclusive) mais aussi esthétiques, dramaturgiques et scéniques (en élaborant des univers symboliques pluriels et interstitiels, des œuvres dialogiques et polyphoniques, intermédiales et transgénériques…). L’hybridation, ici, paraît nécessaire à la subversion des stratégies de domination nationaliste et coloniale, en rendant plus incertaine l’identité qui pourrait s’étendre sur le reste de la société et du monde.
Bien qu’elle ait pu aider à récuser les légitimités des hégémonies (néo)coloniales, la notion d’hybridité a toutefois été récupérée et normalisée par le monde globalisé, pour éluder le caractère inégalitaire de la circulation des humains et des cultures, et les rapports de domination qui la traversent : celui-ci cherche à être perçu comme un espace interculturel homogène, où les populations, mobiles et adaptables, seraient émancipées. En réalité, la globalisation s’élabore au détriment des populations, cultures et sociétés minorisées, qui doivent résister à l’assimilation et à l’uniformisation du monde, pour que les relations internationales s’organisent en fonction de leurs conditions d’existence, de leurs intérêts, et des questions de classe.
Les autrices et metteuses en scène qui nous intéressent envisagent, de fait, l’identité en dehors de toute essentialisation, travaillent l’hybridation de différentes cultures et sociétés (leurs gestes artistiques et littéraires étant influencés par leurs conditions afrodiasporiques et transcontinentales), sans reconduire une conception idéalisée des mélanges identitaires et culturels, sans abandonner ou fondre leurs « différences » propres. Celles-ci sont, au contraire, maintenues dans la perspective d’une action politique.
Pour étudier les stratégies, modalités et effets poétiques, esthétiques et dramaturgiques que ces théâtres déploient, qui contournent à la fois les identités essentialisées et les conceptions idéalisées de l’hybridité, l’étude s’organise en deux temps. Le premier chapitre s’attache à la critique des identités « racine » (à la représentation et au récit de l’Histoire africaine et afropéenne, fondée sur la rencontre entre les cultures et les sociétés, racontée à partir de points de vue situés et critiques ; aux personnages de héros et d’héroïnes, qui ne se font plus les héraults des valeurs d’une société ou d’une civilisation donnée ; aux tiers-espaces énonciatifs, linguistiques et dramatiques…). Le second chapitre explore l’invention fantasmagorique, par les œuvres, de nouveaux fonctionnements collectifs relationnels, suivant une perspective féministe (afroféministe, écoféministe, womaniste, queer, care) et écologique ou écopoétique. La relation est interrogée dans tous ses aspects, selon différents points de vue (esthétiques, éthiques, philosophiques, politiques) et de manière intersectionnelle, pour imaginer une évolution ou une révolution sociale qui puissent bouleverser différents axes de dominations ensemble, et inventer des fonctionnements sociaux inédits.