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Soutenance de thèse de Emilie Cazimajou
Publié le 16 juin 2025 – Mis à jour le 16 juin 2025
le 24 juin 2025
Université Toulouse Jean Jaurès
à 9h30
Maison de la Recherche - Salle D29Université Toulouse Jean Jaurès
Les boîtes noires du cinéma d’animation : les couleurs en fabrique
Membres du Jury :
Résumé :
Cette thèse de recherche-création en Arts plastiques problématise la fabrique du cinéma d’animation depuis la posture d’artiste-chercheuse. Elle est initiée par des déambulations en forêt et interroge la fabrique de l’animation dans sa dimension processuelle en adoptant une voie poïétique, qui rejoint une conduite à l’aveugle. En prise avec les textures du monde et inspirée par les débats théoriques et philosophiques liés au paysage (Cauquelin, Collot), au site (Serra) et à une esthétique et culture environnementale (Morizot, Zhong Mengual), cette thèse est attentive à ce qui fait trajet plutôt que projet et adopte la déambulation comme méthode de recherche-création. L’étude porte notamment sur les relations entre les expériences in situ et celles qui se jouent dans l’atelier d’animation, elles problématisent en ce sens la fabrique du film, en inquiétant les modèles institués propres au champ du cinéma d’animation et proposent de nouvelles injonctions créatrices. Chargé de ces explorations pratiques et théoriques, l’atelier se définit alors comme une boîte noire aux lieux mêlés (Serres), où la pratique expérimentale relance, au travers d’une approche matériologique (Dubuffet) et cinéplastique (Faure, Chateau), les débats entre dessin et coloris, entre faire et agir, entre expérience et programme. Les expérimentations cultivées dans l’atelier rejouent des pratiques archaïques du cinéma d’animation (peinture animée, rotoscopie, animation de terre) et, par leur dimension critique, mènent à la création de pièces de chantier spécifiques (cartographies de textures, partitions chromatiques, tas de mots). Suivant cette démarche, la couleur dans toutes ses manifestations (couleur-signe, couleur-matière, couleur indicielle, entropie de la couleur) contamine l’écriture du film ; la boîte noire se redéfinit alors comme lieu d’émergence d’un coloris. Le court-métrage en cours d’écriture Troglodyte exemplifie ce travail de la couleur. Le film issu d’une expérience en forêt est lui-même enforesté, nourri par le transport sur la table de travail des matériaux et de ce qui fictionne in situ, transformant la couleur en coloris bigarré. Ainsi, il n’est plus question de faire image suivant une conduite forcée, ni de contraindre la création filmique et sa réception au dispositif de projection en salle. Terre-grisaille, proposé en bout de course comme une boîte noire ouverte, entreprend de défaire le film, de l’éclater et de le reconfigurer. Il invite le visiteur à fréquenter les poétiques dispersées (Lascault) de l’atelier et les fictions qui s’y inventent.
- M. Patrick BARRES, Université Toulouse - Jean Jaurès (Directeur de thèse)
- Mme Cécile CROCE, Université Bordeaux Montaigne, (Rapporteure)
- M. Sébastien DENIS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Examinateur)
- M. François JEUNE, Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis (Rapporteur)
Résumé :
Cette thèse de recherche-création en Arts plastiques problématise la fabrique du cinéma d’animation depuis la posture d’artiste-chercheuse. Elle est initiée par des déambulations en forêt et interroge la fabrique de l’animation dans sa dimension processuelle en adoptant une voie poïétique, qui rejoint une conduite à l’aveugle. En prise avec les textures du monde et inspirée par les débats théoriques et philosophiques liés au paysage (Cauquelin, Collot), au site (Serra) et à une esthétique et culture environnementale (Morizot, Zhong Mengual), cette thèse est attentive à ce qui fait trajet plutôt que projet et adopte la déambulation comme méthode de recherche-création. L’étude porte notamment sur les relations entre les expériences in situ et celles qui se jouent dans l’atelier d’animation, elles problématisent en ce sens la fabrique du film, en inquiétant les modèles institués propres au champ du cinéma d’animation et proposent de nouvelles injonctions créatrices. Chargé de ces explorations pratiques et théoriques, l’atelier se définit alors comme une boîte noire aux lieux mêlés (Serres), où la pratique expérimentale relance, au travers d’une approche matériologique (Dubuffet) et cinéplastique (Faure, Chateau), les débats entre dessin et coloris, entre faire et agir, entre expérience et programme. Les expérimentations cultivées dans l’atelier rejouent des pratiques archaïques du cinéma d’animation (peinture animée, rotoscopie, animation de terre) et, par leur dimension critique, mènent à la création de pièces de chantier spécifiques (cartographies de textures, partitions chromatiques, tas de mots). Suivant cette démarche, la couleur dans toutes ses manifestations (couleur-signe, couleur-matière, couleur indicielle, entropie de la couleur) contamine l’écriture du film ; la boîte noire se redéfinit alors comme lieu d’émergence d’un coloris. Le court-métrage en cours d’écriture Troglodyte exemplifie ce travail de la couleur. Le film issu d’une expérience en forêt est lui-même enforesté, nourri par le transport sur la table de travail des matériaux et de ce qui fictionne in situ, transformant la couleur en coloris bigarré. Ainsi, il n’est plus question de faire image suivant une conduite forcée, ni de contraindre la création filmique et sa réception au dispositif de projection en salle. Terre-grisaille, proposé en bout de course comme une boîte noire ouverte, entreprend de défaire le film, de l’éclater et de le reconfigurer. Il invite le visiteur à fréquenter les poétiques dispersées (Lascault) de l’atelier et les fictions qui s’y inventent.