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Soutenance de thèse de Ève Tayac

Publié le 26 mai 2025 Mis à jour le 26 mai 2025
le 6 juin 2025
à 14h00
Maison de la Recherche - Salle D31
Université Toulouse Jean Jaurès

Pour un cinéma d'animation météorologique : site climatique, couleur en mouvement, du figurable en animation

Membres du Jury :
  • Chu-Yin CHEN,  Professeure des universités, Université Paris 8 Vincennes–Saint-Denis 
  • M. Amos FERGOMBÉ, Professeur des universités, Université Polytechnique Hauts‑de‑France
  • Mme Sandrine FERRET, Professeure émérite, Université Rennes 2
  • M. Dick TOMASOVIC, Professeur des universités, Université de Liège 
  • M. Patrick Barrès, Professeur des universités, Université Toulouse II Jean Jaurès 
  • M. Serge Verny Maître de conférences, Université de Strasbourg, EnsAD

Résumé :
Au plus près d’une pratique plasticienne de l’image animée, le travail de recherche‑création entrepris ici, s’aventure à poser les fondements d’un cinéma d’animation météorologique. À l’instar de la proposition introduite par le théoricien du cinéma Loig Le Bihan, en ouverture du numéro 10 de la revue Cinergon consacré aux liens entre les météores et le septième art ; il s’agit ici de se détourner de l’étude des phénomènes météorologiques et de leur représentation, pour penser « l’image que s’en fait » le cinéma d’animation. Se déployant de l’expérience poïétique à l’invention esthétique, cette recherche invite à la caractérisation d’un site climatique. Ce dernier, problématisé en tant que site théorique, œuvre à titre d’opérateur heuristique dans la détermination des spécificités de ce cinéma d’animation météorologique. Le site climatique introduit une pratique « située » au cœur de l’atelier d’animation et ouvre un seuil entre les « climats à animer » de l’instance poïétique (le lieu « situé » de l’atelier) et l’image animée météorologique. Élaboré à partir de modélisations des agrégats nuageux, le dispositif d’animation du cirque suspendu constitue une pièce inaugurale du chantier de création‑recherche entrepris ici. Préférant le complexe multiplis à l’étagement multiplan, la structure de cet instrument adopte une ligne d’inflexion privilégiant une dynamique des forces plutôt qu’un schème formel pour l’élaboration des images. En cela, il s’assume en dispositif critique de la mimesis et, suivant cette voie, conduit à la proposition d’un « figurable » en animation. Le « travail de figurabilité » qu’implique l’animation dans le cirque suspendu engage la mise en exercice d’une pratique couleur singulière. La couleur‑machine « située » et associée à tout ce qui s’actualise dans le cirque suspendu, se change en une couleur en mouvement irradiant au-delà de l’écran. L’esthétique météorologique présentée ici ressort de cette densité, rattachée à l’opacité du site climatique, et inaugure les prémices d’une ontologie de l’image animée rapprochant le devenir‑image d’un devenir-nuage.

Cette thèse émerge des espaces renfermés, emboîtés ou déboîtés, renvoyant à l’opacité de la boîte noire de recherche-création (creuset d’invention, dispositif inaugural, carnet d’atelier), pour s’ouvrir au « grand air », un « climat à expérimenter » lors de la projection, un air libre qui s’offre en partage à la communauté des chercheurs et au terrain professionnel du cinéma d’animation. Quelque part entre ces deux pôles, se risque un « petit traité de l’animation météorologique », une approche renouvelée de l’écriture du film fondée sur une énigme plutôt qu’une programmatique, sur l’image en devenir plutôt qu’une image‑clé, sur une pensée animée.